Le film conte l’histoire de Fatal Bazooka, un rappeur bling bling à succès, jusqu’au jour où un chanteur d’« électro-bio », Chris Prolls, vient lui voler la vedette et lui prend sa précieuse place de « numero Uno ».
Ivre mort lors de la cérémonie des « Music Awards de la Musique », Fatal offre sur scène un spectacle déplorable, provoquant un scandale et amenant la presse à le boycotter, ce qui cause sa ruine et son divorce. Après avoir vécu quelque temps comme un clochard, Fatal retourne alors dans son village natal en Savoie, et essaye de devenir berger, comme le fut son père. Mais, de toute évidence, ce travail n’est pas fait pour lui et, poussé par sa mère et par son amie Heidi restée en Savoie, Fatal décide de prendre sa revanche…
Un hélicoptère, des gratte-ciels, le coucher du soleil. Aucun doute, nous sommes sur la plus américaine des comédies françaises. Que ce soit la photographie, la réalisation ou l’humour régressif, tout nous transporte au pays des burgers et de la peine de mort.
Et ce n’est pas du tout une coincidence. Michaël Youn s’est très fortement inspiré des comédies de Ben Stiller, jusqu’à faire un copié-collé du plus régressif de ses films, Zoolander. On ne va pas revenir sur le fait que tous les blockbusters américains reposent sur la même structure scénaristique en trois actes, généralement super chargée à la formule magique de Blake Snyder pour nous offrir le meilleur grand huit émotionnel possible, mais ici, ce n’est pas tant la structure technique du scénario qui est reprise, mais toute la structure narrative.
Les personnages, les enjeux, les embuches, la conclusion, tout est repris à la lettre. Les emprunts ne se limitent pas à Ben Stiller, mais tapent aussi du côté d’un autre géant de l’humour régressif américain: Will Ferrell. On retrouve du Ron Burgundy dans Fatal.
A ce niveau d’emprunt, on ne peut plus parler de simple hommage. Il y a tout de même beaucoup de clin d’œil qui ne sont que ça, et qui ne rentrent pas dans la copie carbone, mais quand même, c’est dommage d’autant plus que les auteurs ne se sont pas tourné les pouces.
Car à défaut de devoir se concentrer sur la structure narrative, Michaël Youn et Isabelle Funaro se sont concentré sur l’adaptation de l’histoire dans l’univers de la musique et du star système. Et de ce point de vue là c’est une réussite totale.
De la première séquence d’introduction à la scène finale, Fatal nous raconte son histoire au travers des mediums typique des grandes star de la musique: clips, reportages people, presse, etc… Tout est mis en oeuvre pour éviter les scènes de dialogues d’exposition pénibles. Et ça marche. La narration visuelle augmente l’histoire et fonctionne à merveille dans un univers qui privilégie l’image au message.
Pour appuyer cette narration visuelle, les décors interieurs ont particulièrement été soignés. Que ce soit le plateau du Super Clash ou des Music Awards de la Musique, un véritable effort a été fourni pour qu’on y croit. Ça change des trois pauvres spot de scène pour le concert final de CoExister ou de Christ(off).
La cohérence de l’univers est aussi un des points positif du film. Que ce soit la chaîne Z7, le magazine Biaaaatch, ou les autres artistes, tout se tient et est savamment distillé au fil du film.
En parlant d’univers, il est aussi temps de parler de l’univers sonore et musical du film. Là aussi c’est une grande réussite. La musique est non seulement très bien produite, mais elle est aussi utilisée comme outil narratif. L’univers musical de Fatal Bazooka était déjà très bien défini, puisque Mickaël Youn avait sorti un album plusieurs années avant d’en faire le film. Ce qui est chouette c’est qu’un travail similaire a été fourni pour doter son ennemi Kriss Prolls (Stéphane Rousseau) d’un univers musical distinct, mais surtout complet.
Stéphane Rousseau se donne tellement à fond que Kriss Prolls est son meilleur rôle dans une comédie jusqu’à présent (2021).
Et d’ailleurs, tout le casting joue son rôle à merveille, et c’est un plaisir de découvrir le jeu de Jérôme Le Banner, qui n’a jamais été aussi bien utilisé que dans ce film. Tous les personnages secondaires ont ce petit je ne sais quoi qui apporte une touche humoristique en plus. Par exemple, le personnage d’Éboué dissémine tout au long du film une dose d’humour noir très caustique.
Néanmoins, qui dit humour régressif, dit blagues de pipi et de caca. Fatal évite de trop nous en servir mais sachez que vous n’y échapperez pas. Il y a aussi quelques répliques un peu lourdes, mais rien de fatalement gênant.
Avant de terminer cette critique je voudrais mentionné l’utilisation intelligente du placement de produit, qui est carrément intégré à la natation du film. Que ce soit le passage Papy Brossard, la coupure pub ou même le nom d’un personnage principal, le film joue et se joue de la publicité.
Au final, Fatal est une excellente comédie musicale, qui maîtrise son sujet et sa narration parfaitement, et qui nous offre une satire bien sentie du milieu musical. Dommage que les emprunts un peu trop copié-collé à la comédie américaine viennent tenir un tableau pourtant si réjouissant.
Aussi bien produits que la musique, les clips accompagnant les deux personnages principaux sont particulièrement soignés.
Mais ce n’est pas tout, les clips des autres artistes présents en filigrane ont eux aussi eu le droit à une belle réalisation.
C’est assez rare qu’un tel soucis du détail soit mis en œuvre dans une comédie.
ce film est pour celleux qui aiment les films à la Ben Stiller, mais sans Ben Stiller
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