Mince Alors ! est la quintessence du téléfilm français qui essaye de démonter des clichés en s’engonçant dedans. Il n’y a rien de fondamentalement mauvais, ni d’incroyablement bien dans ce film, qui nous laisse malheureusement sur notre faim.

Réalisation d’origine contrôlée

Passons rapidement sur la réalisation et la photographie. De Turkeim s’inspire de ses pairs et nous présente un film quelconque, avec de la lumière qui éclaire tout uniformément, des cadres moyens pour que le film passe bien à la télé, et un montage mollasson. On est donc sur une pate visuelle certifiée conforme Comédie Française. Mais quid du scénario, et du reste ? Car au final c’est bien ça le plus important.

Corpus Diversum

La première chose qui fait plaisir dans Mince Alors !, et probablement la seule, c’est la diversité des corps. Le film commence par une séquence qui nous montre des personnes obèses et heureuses. Le plus important c’est qu’on nous montre des gros qui ne soient pas juste les comic reliefs du film. A part Besnehard, mais vu son niveau de jeu, il ne pouvait en être autrement. On ne nous montre pas que des jeunes d’ailleurs, De Turkeim nous montre tous les âges aussi. On aurait aimé un peu plus de diversité, mais j’imagine qu’on ne peut pas tout avoir non plus. En tous cas, ça fait honnêtement du bien. Malheureusement, c’est à peut près tout ce que le film a à nous proposer. Car le reste, et bien, c’est assez mou du genou.

Du cliché à plein régime

A commencer par le sempiternel être gros = manger trop. Bon il est important de regarder le film dans son contexte d’époque, et au début des années 2010 on ne parlait pas beaucoup de glossophobie et des diverses causes de l’obésité, dont l’une des plus importante est liée à la précarité. Dans le film, on a le personnage principal qui nous est présenté comme une grosse mangeuse, Besnehard fait même un laïus dessus en s’empiffrant de saucisson dans le TGV qui les emmène en cure. C’est assez simpliste, c’est assez dommage.

Le scénario tourne autour de 3 femmes, qui ont chacune à un rapport à leur corps assez différent. Une qui accepte et revendique, mais finalement ne s’accepte pas tant que ça, une autre qui est traumatisée à l’idée de grossir, et enfin notre héroïne qui fait un régime pour faire plaisir à son mari. Trois angles qui ne sont pas vraiment exploités, sauf pour quelques gags. Car en vrai, Mince Alors ! est juste une comédie romantique. Avec des personnages gros. C’est déjà un gros pas en avant (pun unintended comme on dit), mais c’est tellement dommage de ne pas aller plus loin. Parce qu’en vrai, le film ne sait jamais vraiment sur quel pied danser.

Salade, tomate, oignon, ketchup, mayonnaise, tarama avec un doigt de Nutella

On parle des gros mais pas trop. On parle de l’injonction à être maigre, mais pas trop. On parle de maternité adolescente, mais pas trop. D’amour et d’adultère, mais pas trop. On sent une volonté de représenter exhaustivement les situations que la société impose aux femmes, mais sans vraiment aller au fond du propos. A vouloir tout montrer sans rien raconter, on affaibli le propos, et on se retrouve face à une sorte de buffet à volonté tiède. Vraiment dommage.

Évidemment, si on enlève tout ça, le scénario est tout ce qu’il y a de plus basique dans une comédie romantique, avec un mari, une tromperie, une revanche et une victoire. Dès les premières minutes on sait comment le film va finir, pour tous les personnages. On ne passe pas un moment désagréable, d’autant plus qu’on aura tout oublié dans l’heure qui suit le visionnage.

Au final, on se retrouve devant un menu maxi best-of de la comédie romantique réchauffé au micro-onde. On prend un peu de plaisir sur le moment, mais on sera sur notre faim dès l’après midi. Il sera intéressant de voir comment la suite, sortie dix ans plus tard, et qui pour le coup revendique ouvertement son propos anti-glossophobie, s’en sortira. Les bases sont là, ne reste plus qu’à y bâtir quelque chose de concret.