On me demande souvent pourquoi est-ce que je m’obstine à regarder des comédies françaises, sachant que la majeure partie de la production ne vaut pas un vieux téléfilm Netflix. Les comédies, surtout dans le spectre médiocre à mauvais, me provoquent beaucoup d’émotions. De rejet bien sûr,  de “mais non ils ont pas osés”, également, ou encore de “tiens une nouvelle blague de prout”, mais aussi parfois de “ah punaise c’est trop dommage, ils auraient pu faire tellement mieux.”

Terrible Jungle fait parti de cette dernière catégorie.

Œdipe Impact

Bon le postulat de départ n’est pas hyper foufou, une mère trop passionnelle étouffe son fils qui cherche désespérément à s’émanciper. Le twist c’est qu’ils sont anthropologues, et l’émancipation va passer par la recherche d’une tribu coupée du monde, à l’autre bout du monde. Malheureusement, cette confrontation mère fils se passe au téléphone, dépourvue de toute émotion. Après une introduction particulièrement longue et douteuse, on attendait mieux.

Oh oui, mais mouais, oh oui, mais mouais

Le film est un grand huit émotionnel, entre les quelques bonnes idées du scénario, et les déceptions qui s’en suivent. Attention divulgâchage de masse. La meilleure idée du film est de transformer Eliott le timide en Eliott le chef intransigeant qui va optimiser la production d’or de la tribu, qui finalement n’était pas coupée du monde, mais sous l’emprise d’un cartel local qui l’exploitait. Au lieu d’exploiter l’idée jusqu’au bout, le soufflet retombe quand maman Deneuve retrouve son fils. Alors qu’il y aurait eu tant à dire et à faire si Eliott était parti pour devenir chef du cartel à la place du chef du cartel. Si l’idée avait simplement été poussée jusqu’à son paroxysme comique. Un peu à la manière d’un Problemos d’Eric Judor. Et c’est come ça pour tout, surement pour laisser de la place aux deux intrigues.

Série B

Car ici, le problème du scénario, c’est toute l’intrigue secondaire avec la mère d’Eliott. Elle décide de partir à la recherche de son fils, et les scénaristes ont décidé que c’était une bonne idée de l’intégrer au script. Bon, autant le dire tout de suite, cette intrigue n’a aucun intérêt, ni même aucun impact sur le scénario, puisqu’à la fin Eliott reste vivre avec la tribu. On pourrait objecter et me dire que cela permet à Albertine de tuer le chef du cartel, mais cette mort est non seulement dénuée de toute tension, mais en plus elle à lieu hors écran. Du gâchis.

D’ailleurs, ça me fait penser qu’il n’y a aucun véritable climax au film. Tout se résout dans une certaine fadeur. Même les gags, ou les situations à haut potentiel comique, comme les deux hommes qui accompagnent Eliott pour le dépouiller, manquent de punch, de polish et d’humour. D’ailleurs dans cet exemple précis, là aussi tout se déroule hors camera, dans un fondu au noir.

Il en va d’ailleurs de même pour la scène chez Wang, quand les gendarmes volent des boulettes à la coke. La scène aurait tellement pu être drôle, mais au lieu de ça, on voit juste des gendarmes délirer dans leur coin pendant une fusillade. Encore une occasion manqué de faire rire, ou, ne serait-ce juste d’exploiter correctement la matière comique du script.

Jonathan plus que ça

Que dire aussi de la performance de Jonathan Cohen en gendarme ? Il joue ici le même idiot que dans La Flamme, sur un ton monocorde, qui laisse comprendre au spectateur qu’il sait bien que son personnage ne sert à rien et ne va nulle part. On pourrait couper toute cette partie du film et regagner facilement 20 minutes de temps de vie.

J’en profite pour signaler que les gags à base de sex-toys géant, poupées gonflables, bon, hein, ça peut être très drôle, mais là, non, c’est ni bien amené, ni bien utilisé.

Au final, on ressort du film déçu. Déçu parce qu’il y avait une belle intention de départ, parce que la réalisation tient globalement la route, parce qu’une comédie d’aventure c’est assez rare pour être souligné. Mais tout ce potentiel inexploité, voir Deneuve se faire chier comme jamais à l’écran, Cohen faire du Cohen, imaginer ce que le film aurait donné avec un peu plus d’ambition scénaristique, ça laisse une note amer en  bouche.

Maintenant, si Eric Judor décidait de faire un remake à sa façon, là, je signe tout de suite.