Claude Verneuil, un notaire se disant de tradition gaulliste, et sa femme Marie, sont des bourgeois catholiques de Chinon et parents de quatre filles : Isabelle, Odile, Ségolène et Laure.
Les trois premières sont déjà mariées à des Français issus de l’immigration et de religions différentes : Isabelle, avocate, est mariée à Rachid Ben Assem, avocat lui aussi et musulman ; Odile, dentiste, est mariée à David Benichou, juif séfarade entrepreneur au chômage, et Ségolène, artiste peintre, est mariée à Chao Ling, banquier d’origine chinoise.
Les Verneuil font des sourires de façades à leurs gendres mais ont du mal à cacher leur racisme, surtout Claude. Les réunions de famille sont gâchées par les maladresses et les clichés sur les étrangers prononcés par Claude, autant que par Rachid, David et Chao qui ne se ménagent pas entre eux et se jettent à la figure des propos racistes insultants.
Comment faire une comédie néo-raciste, sans être taxée de comédie raciste, tout en faisant semblant de dénoncer le racisme ? Et bien en écrivant le scénario de Qu’est-ce qu’on à fait au bon dieu.
Mais avant d’aborder l’épineuse question du racisme, évacuons le reste. Alors oui, les comédiens jouent bien. Oui la réalisation typée téléfilm est propre, on sent qu’il y a eu un effort de fait. Oui le scénario est plein de bons sentiments et tout est bien qui fini bien.
On se retrouve donc devant une comédie française traditionnelle, dans le sens cinématographique du genre, ou la réalisation est invisible, les cadres pas inspirés, la photographie bien lumineuse, avec un casting trois étoiles en forme, prêt à exploser les scores du dimanche soir sur TF1. Et rien que ça, c’est déjà une petite victoire en soit.
Alors c’est vrai, on parle beaucoup des comédies dites de gôooche, celles ou c’est le gentil plouc contre les méchants bourgeois, celles de la lutte des classes, un sujet si cher à notre cinéma national. Ici, rien de tout ça. Nous sommes dans une comédie bourgeoise, de droite. Une comédie réconfortante au premier abord, car, et cela va être le principal problème du film, elle parle du racisme, met en scène des personnages racistes, mais sans faire aucune victime. Un racisme ordinaire qui ne serait qu’un mal entendu, jamais bien grave. Un racisme de coton, tout doux, qui, à défaut de nous mettre mal à l’aise, va nous conforter dans l’idée que, finalement, c’est pas bien méchant d’être raciste. Car, comme me l’a si bien résumé un ami cinéphile qui n’a pourtant pas vu le film:
Tout le monde est raciste. Mais c’est pas grave parce qu’au fond on aime tous le poulet.
Et c’est bien là le profond problème du film. C’est qu’il va mettre toutes les formes de racismes au même niveau, œil pour œil, dent pour dent. Mais c’est même pire que ça, car, dans cette mise à égalité des racismes, le film va de facto valider des constructions rhétoriques d’extrême droite qui n’existent pas, comme le racisme anti-blanc, ici mis en image avec le père du futur gendre noir. Évidemment, le personnage lui n’est pas présenté comme ça, son propos est qu’il n’aime pas les français qui ont pillé son pays, mais le ressenti reste le même, car les français dans le film sont assimilés aux blancs. Et dès le début, quand Claude raconte le côté folklorique de Barbès « il n’y pas un français dans la rue« . Le film adopte le point de vue de Claude et se place dans cette vision qu’être français c’est être blanc et catholique.
C’est encore plus vrai quand on voit que le racisme de Claude est identique que son gendre soit asiatique, juif, arabe ou noir. Les gendres sont tous des étrangers, mis au même niveau. Et donc, subtilement, on valide le racisme anti-blanc.
Pour contre balancer tout ça, et ne pas laisser Claude trop seul dans son racisme, il est évidemment accompagné par ses gendres. Ici, la dynamique est toujours la même. Une petite dose de contre racisme envers Claude, pour le renvoyer dans les cordes, puis racisme traditionnel envers les autres gendres. Le juif n’aime pas l’arabe (et vice-versa), les deux n’aiment pas le chinois, et quant au noir, et bien les trois vont se liguer contre lui pour l’empêcher de rejoindre la famille. Et même lui, au détour d’une petit phrase va valider un autre propos du film: épouser une fille de Claude (donc se marier avec une fille d’un homme blanc riche) c’est prendre sa part du gâteau, gravir les marches des ascension sociale, non pas par le mérite, mais par le mariage.
Voilà, on pourrait disserter encore des heures sur le fond du film, qui, si l’on occulte le propos rance qu’il développe, n’en demeure pas moins une comédie familiale bien écrite et qui tient la route. Et au final le danger vient de là. En nous vendant des valeurs traditionnelles limite réac sous couvert d’une comédie bien sirupeuse, nous seront nombreux à tomber sous le charme et à recevoir, parfois sans vraiment s’en rendre compte, cette belle doctrine toute droite issue des années soixante.
Au final, les gendres sont acceptés dans la famille quand ils chantent la Marseillaise. Elle est pas belle ma France ?
Petite mention sur les valeurs véhiculées par le film, autre que le racisme bien sûr. Et autant le dire tout de suite, ce sont des valeurs bien traditionnelles. Par exemple, ce sont évidemment les femmes qui cuisinent et les hommes qui reviennent de la pêche avec un gros poisson.
Ce sont aussi les femmes qui s’occupent des enfants, même s’il faut reconnaitre un plan avec Claude (Christian Clavier) qui leur donne à manger. Mais même là, il y a la différence de traitement, où les femmes sont sages et surveillent sérieusement les enfants, là ou Claude s’amuse à leur donner à manger, comme si pour lui c’était un jeu, un bonus. D’ailleurs, on ne voit jamais les autres papas s’occuper de leurs enfants respectifs…
Évidemment, cela reste globalement raccord avec le fait que la famille de Claude est une famille bourgeoise catholique de droite issue de la riche banlieue parisienne. Mais le film ne prend aucun recul sur cette volonté traditionnaliste et nous le montre de manière naturelle et premier degrés, comme si c’était comme ça que devait être, ou qu’est, la société moderne.
La position du père, en chef de famille, est aussi omniprésente. Une vision passéiste et résolument patriarcale de la société. Même les gendres reproduisent ce motif sociétal, alors que l’histoire repose justement sur leurs différences. Le message étant qu’au fond, nous sommes tous les mêmes.
ce film est pour celleux qui aiment les bonnes valeurs réac, les vraies.
un site de Jean-marie foiré
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