Le problème avec les bons films, c’est qu’il n’y a généralement pas grand chose à dire. Mission Cléopâtre n’est pas parfait, mais il y a tellement de bonnes choses.

Chabat, pour dire je t’aime

Alain Chabat est un amoureux d’Astérix, et ça se sent. Mieux que ça, Chabat est un fan de Gosciny, la tête pensante du duo, celui à qui l’on doit les bons mots, les bonnes situations et le regard pointu sur le monde. Et c’est avec beaucoup de fidélité qu’il a retranscrit non seulement les dialogues de la bande dessinée, mais aussi l’univers, en y ajoutant sa touche.

Mission Cléopâtre est le seul des 4 films actuellements sortis à mélanger animation et prises de vues rélles. C’est également le seul à jouer avec le sound design. En fait, Mission Cléopâtre est le seul à jouer avec le médium dans lequel il s’exprime, la cinéma, comme Gosciny et Uderzo se jouaient du format bande dessinée.

C’est une des grandes forces du film, mais aussi un point qui, 20 ans après peut montrer quelques signes de faiblesse.

Canal+ Cinematic Universe

Car si Mission Cléopâtre enchaine les références à la pop culture grand public, comme Star Wars et Jurassic Park, il y a quelques références du début des années 2000 qui ne survivent pas très bien. À commencer par Itineris, ancien nom d’Orange, qui fonctionnait bien à l’époque, mais qui aujourd’hui est plutôt obscure. Il en va de même pour des références plus poussées, comme le combat entre Darmon et Djamel, qui rend hommage aux films de Bruce Lee, mais dont le passage en chinois n’est pas assez évident pour comprendre la référence du premier coup.

Chabat, c’est bien évidemment Les Nuls, et les Nuls, c’était les grandes heures de Canal+. Il emmene donc avec lui toute une panoplie de la génération Canal: Les Robins des Bois, Djamel, Edouard Baer, etc…

Même s’il s’en défend, Chabat a imprimé la patte Canal à son film. La bonne nouvelle, c’est que tout ce petit monde évite l’autocitation. Djamel fait du Djamel, mais sans citer Djamel. Edouard Bear apporte un souffle un peu mystique au film, tel que le ferait Edouard Baer, et les Robins de Bois se contentent de faire bonne figuration. Gérard Darmon retrouve enfin un rôle marquant depuis La Cité de la Peur.

Cléopâtre n’est pas en reste, interprétée par Monica Bellucci, qui brille dans ce rôle. En vrai, tout le cast a l’air de prendre beaucoup de plaisir et l’on sent que chaque rôle a été taillé sur mesure. Ce qui est aussi surprenant de voir c’est le naturel de certaines répliques improvisées, une liberté rare dans une aussi grosse production.

Qu’est-ce qu’on a fait au bon Droïde

Avec tout Canal qui déboule, on pouvait ce demander ce qu’il allait devenir des deux irréductibles gaulois. Même si Astérix et Obélix ont été relégué au second plan, Chabat de les a pas pour autant cantonné à des dialogues de seconds rôles. Clavier a notamment été déjacquouillé, et a le droit aux meilleures vannes du duo. Panoramix lui aussi a été sorti du formol, avec quelques répliques qui font mouche.

20 ans après sa sortie, Mission Cléopâtre reste un chef d’oeuvre de la comédie française, une lettre d’amour de son réalisateur envers la bande dessinée qu’il adapte. Du bel ouvrage.