Les Tuche sont une famille vivant à Bouzolles. Jeff Tuche, le père, est un chômeur fier de l’être; lui et sa femme Cathy ont trois enfants: Stéphanie, bimbo pas très futée, Wilfried, pas encore au fait de ses tendances homosexuelles et qui se prend pour un rappeur gangsta, Donald dit « Coin-Coin », très intelligent. Il y a également la mamie, « Mamie Suze », que seule Cathy comprend et dont l’unique ami est son chien Toby, désormais empaillé. Un jour, les Tuche gagnent 100 millions d’euros à la loterie et décident d’aller à Monaco.
J’aime Olivier Baroux et son humour décalé depuis les débuts de « Kad et O ». Cette propension à être le digne héritier (avec quelques autres) des comédies ZAZ (Zucker-Abrahams-Zucker), notamment avec les deux films Paméla Rose me faisait miroiter quelque chose d’inattendu avec les Tuche.
Car il y en avait, même si minime, de l’espoir que les Tuche entrent dans cette catégorie si peu représentée en France qu’est la comédie absurde. Bon bah, râté. Toute la subtilité du film tient dans le pitch: des ploucs pauvres et gentils se retrouvent mega riches et propulsés dans un Monaco du luxe sans âme. L’exacte contraire de Camping (qui voit un triste bourgeois se retrouver chez les gentils ploucs) mais une même conclusion: les pauvres sont gentils, les riches sont tristes, mais redeviennent un peu humain en présence des sans dents.
La photographie et la réalisation sont à l’image du propos du film: fadasse. Rien de scandaleux, c’est propre et bien cadré, surtout sur les placements de produits qui eux ont la la bonne idée d’être généreux. Bien sûr, Olivier Baroux n’a pas la même surpuissance réalisatrice que Jean-Marie Poiré dans la mise en valeur putassière des packshots produits, mais on note tout de même de belles intentions. Comme par exemple le Tahiti douche servi sur un plateau, ou encore mamie Suze, qui offre à la marque non seulement un personnage entier, mais aussi du placement traditionnel et même du sous-titrage promo, vu que mamie Suze ne parle plus vraiment français.
Vous me direz, on ne vient pas voir une comédie pour la réalisation mais pour les blagues. Même si je ne suis pas d’accord avec ce postulat, en quoi une comédie serait-elle moins noble qu’un autre film, parlons de l’humour du film: absent. J’exagère c’est vrai, mais il faut avouer qu’il n’y a pas grand chose à se mettre dans les zygomatiques. Les dialogues sont moyens, et mis à part une ou deux fulgurances, on s’ennuie.
Les situations sont toutes déjà vues, à croire qu’en France on ne fait que des comédies sur la fracture sociale, je plaisante, mais c’est quand même un peu vrai. Donc on a les ploucs au Palace, les ploucs au Country Club (rempli de gens tristes, qui seront plus heureux grace aux Tuches), une baraque à frites dans le jardin, une séquence pub entière dédiée à Audi (la voiture des ploucs devenus riches) et c’est tout.
A si, un personnage belge qui sort du lot, et Jérôme Commadeur en neo-videur blasé.
Heureusement, une morale bien mieilleuse vient enrober le tout, parce que les bons sentiments ça aide toujours à faire prendre la mayonnaise. Comme dans Fast & Furious, la famille c’est ce qu’il y a de plus important dans la vie. Ici pas autour d’un barbecue, mais autour d’un bon plat de frites maison. La frite, c’est plus universel !
Malgré un bilan jusqu’ici bien mitigé, il faut reconnaître aux Tuche qu’il a su trouver un casting qui joue à la perfection la famille Bouzollaise. A commencer par Jean-Paul Rouve et Isabelle Nanty. Ils ont tous les deux le jeu pile sur la démarcation entre le juste et le cabotinage, et force est de constater que ça fonctionne très bien. Les enfants et les personnages secondaires ne sont pas en reste, sauf la ribambelle de guests au début qui n’y croient pas vraiment. De même qu’Olivier Baroux qui joue comme un pied (alors qu’on sait qu’il peut faire mieux).
Et comme dans toute bonne comédie française, on a le droit au discours sur le chômage et l’assistanat, que c’est le mal bien sur, et heureusement que la famille, avertissement de divulgâchage, s’en sors grâce à un investissement financier du petit génie de la famille. Le capitalisme en sauveur des vraies valeurs, voilà qui fait plaisir.
Bref, vous l’aurez compris, les Tuche, c’est le niveau Tricatel de la frite tiède.
Mention spéciale pour la belle homophobie de Jeff Tuche, brocardée toutes les 10 minutes grâce au subtil « on est pas des pédés ». Vous me direz, je suis de mauvaise langue car son fils favori, découvre son homosexualité en fin de film. Ce qui coupe la chique à Jeff Tuche.
Ce qui est intéressant, c’est que Jeff ne voulait pas voir grandir sa fille, et donc elle devait lui cacher qu’elle avait une vie amoureuse.
On se retrouve sur un final ou Jeff donc, admet la relation de sa fille, qu’on voit du coup emballer son mec. Puis Jeff tourne la tête vers son fils homo, qui n’embrassera pas son mec, il lui passera juste la main dans les cheveux… Parce qu’il ne faudrait pas non plus concrétiser son amour par un baiser. Il ne faudrait pas mettre mal à l’aise la ribambelle d’annonceurs présents dans le film.
ce film est pour celleux qui aiment les frites, les frites; les frites, les frites, les frites.
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